Qu'est-ce qui se passe dans ma tête ?

(Là maintenant)

J’ai vu Poor Things (Pauvres Créatures) la semaine dernière.

J’étais au premier rang car je suis arrivé en retard et j’ai passé la séance le cou cassé à regarder le ciel. L’écran était gigantesque. Il m’a entièrement bouffé et je me sentais plus dans le film que dans la salle, malgré l’inconfort. Ce qui était aussi largement renforcé par les passages filmés en ultra grand angle (fisheye) - si je veux faire mon pseudo-expert à deux balles.

Je ne veux pas spécialement parler des costumes pourtant spectaculaires. Ceux du personnage Bella Baxter (Emma Stone) sautaient aux yeux. Ils prenaient de la place sur l’écran. Mais j’ai aussi bien apprécié le dessin du revers de certaines vestes.

Je verrais bien ce dessin de cran sur une veste de travail, dans un chambray souple par exemple.

Mais j’ai surtout apprécié ce film car il nous permet de goûter le monde d’une manière inédite : à travers les yeux d’une femme-enfant, Bella.

Elle a un statut de femme puisqu’elle en a le corps mais son esprit n’a pas été formaté par la société, n’a appris aucune convenance, ni quelle place elle est censée occuper et n’en cherche pas particulièrement.

Son occupation principale est de découvrir, d’ouvrir grand les yeux pour voir, grand la bouche pour goûter, grand les mains pour toucher. Bref, vivre sa propre vérité.

Pour elle, le monde n’est pas codifié. Il n’y a pas les choses et le vernis superficiel de l’interprétation. Il n’y a que les choses dans leur réalité, qu’elle prend exactement telles qu’elles sont.

Ça nous montre à quel point il est absurde d’avoir une vision pré-conçue du monde. À quel point les connotations et les conventions sont des obstacles à la compréhension du réel. Et à quel point pour être vraiment libre, il faut les abandonner.

Ça résonne sacrément juste avec tout ce en quoi je crois. Et si j’évoque le parallèle avec le vêtement car c’est mon sujet, ça me donne d’autant plus envie de penser librement ma manière de m’habiller.

Je me suis donc dit que j’allais vous partager quelques-uns des trucs qui me trottent dans la tête, ces pensées libres (ou non) qui viennent me rendre visite à l’occasion.

Bref, ces choses qui composent une partie de ma vérité (pour vous encourager à cultiver la vôtre).

1. Pourquoi les étiquettes de nos vêtements sont-elles chiantes à mourir ?

Je discutais avec Romain qui travaille chez BonneGueule et a participé au premier épisode de mon podcast. Et on se disait qu’on ne comprenait plus les étiquettes de nos vêtements. On parlait des étiquettes qui mettent en valeur la marque.

Avant, elles ressemblaient à ça (c’est un carrousel d’étiquettes) :

Mais depuis, il y a eu une uniformisation des logos (et des étiquettes du coup). C’est flagrant. Et désespérant.

Avec Romain, on se disait que ça ne nous correspondait pas du tout. Qu’on voulait de l’histoire, qu’on voulait des marques bavardes, qui ont une vraie personnalité et pas des clones.

À ce moment-là, j’aimerais pouvoir dire : “alors on a décidé de créer une marque qui…” mais c’est pas du tout le cas. On a juste ronchonné et espéré que des marques prennent le contre-pied.

Et il y en a !

L’étiquette est peut-être l’élément le plus futile d’un vêtement. Ça ne fait pas la qualité du vêtement.

La preuve, parfois on la coupe. Mais quand on y pense, une belle étiquette, c’est bon signe non ?

Est-ce que vous pouvez imaginer créer un produit magnifique, d’excellente qualité et coudre sur lui une étiquette qui n’est pas à la hauteur ?

Et voyons la chose autrement, quel type de personne prendrait le temps et l’argent (superflu à cet endroit) de créer une étiquette originale et avec du sens juste pour le bon plaisir de son client et l’amour du travail bien fait ? Peut-être quelqu’un qui veut vraiment choyer son client.

Alors oui, parfois aussi ça peut être une manière de renforcer la hype, travailler un angle marketing particulier (un storytelling comme on dit) sans pour autant travailler à fond le produit. On vous voit Aimé Leon Dore et ça ne nous empêche pas de vous aimer.

Mais ça reste quand même un très bon signe.

Si certaines marques passent par là, on veut des étiquettes singulières. Et on les veut maintenant !

2. Le violet, c’est merveilleux

Là je porte un pull violet Albam en mohair et un t-shirt mauve Good On. Le costume est un BonneGueule et la ceinture aussi. Photo par Célia.

J’ai réalisé que j’avais une fascination pour le violet. Le moment où je l’ai réalisé c’est quand j’étais sur le point d’acheter cette chemise A Kind of Guise sans réfléchir, pas pure impulsion.

J’avais du mal à me soustraire à son formidable pouvoir d’attraction.

La carte entre les dents en train de remplir mon adresse. Je me suis soudain surpris dans ma précipitation et mon agitation intérieure. Et je me suis demandé si ce n’était pas le moment de respirer un bon coup.

Je ne l’ai pas achetée finalement car je me dis qu’il y a sûrement une manière plus efficace (pour mon style) de dépenser cette somme. J’ai davantage besoin de vestes comme ma Wax London. Même si, cette chemise est une sorte de veste pour les beaux jours… Où j’ai mis ma carte bleue ?

Mais revenons à la couleur violette. Elle est peu commune. Surtout sur des hommes et pourtant… avec le marine, c’est superbe, du noir aussi, du vert, du beige, du jaune aussi (si si), du orange pourquoi pas, avec du marron c’est fantastique… bref, une belle quantité de possibilités.

C’est une couleur froide qu’on peut faire tendre vers du chaud si on veut.

Mais tous les violets ne se valent pas. Si vous voulez essayer, il faut de la texture, que la matière ait du grain, de la personnalité. Ça rend moyen sur un coton plat (comme souvent). Le violet peut vite faire très artificiel et même cheap. Il vaut mieux éviter de la prendre n’importe où.

La chemise AKOG présente un violet lavé, plus mauve que violet. Oui voilà, d’ailleurs c’est ça : c’est le mauve pas le violet. Disons que c’est là qu’il faut commencer je pense.

Je conseille les t-shirts Good On à trouver chez Flâneurs pour ça. J’en ai deux, je les porte régulièrement.

3. Parfois la nuit, mon esprit me souffle le mot “santiag” à l’oreille

Depuis le temps que j’en vois. Mon père en porte. Enfin plutôt il en a porté. Je n’ai jamais vraiment parlé de ça (une ou deux fois dans un article peut-être) mais je fais partie d’un groupe de rock. Je suis chanteur. Un jour vous aurez l’occasion de m’entendre peut-être.

Mais bref !

Je baigne dans ce milieu là, grâce à mon père avec lequel je chante. Et les santiags font partie de son vocabulaire esthétique.

(D’ailleurs en hommage, je me suis fait tatouer une paire de santiags sur le bras. Avec des fleurs qui dépassent. Entre amour filial, rock velu et poésie.)

C’est étrange qu’il en porte quand j’y pense car il n’est pas quelqu’un qui va porter des pièces fortes. Mais ça fait partie de l’univers, le côté cuir, moto, tête de mort.

La panoplie du parfait rockeur.

Seulement, je voyais toujours ces bottes portées de manière premier degré justement. Donc à aucun moment, je me disais que j’allais m’y mettre. Malgré une aura évidente de ces bottes.

Je ne sais pas trop pourquoi mais elles refont surface à présent dans mon esprit.

Est-ce que c’est à force de voir Shuhei Nishiguchi en porter ?

Est-ce que c’est le défilé Vuitton qui a fait son petit effet ? (spoiler alert : non)

Aussi étrange que cela puisse paraître, je pense que le déclencheur, ça a été ma paire de mocassins Lemaire. Alors que j’étais obnubilé par les formes rondes de chaussures, cette nouvelle arrivante m’a fait goûter à un autre type de forme.

Le bout est plus carré. (Pantalon en collab avec Not Too Ballsy, T-shirt Good On (encore lui) et pull Albam (encore lui).

Généralement, les santiags sont pointues. Je pense que cette forme a été conçue pour aider à trouver l’étrier du cheval plus facilement. Ou plutôt que la chaussure s’y insère en un rien de temps.

Je n’aime pas ce côté pointu. Pas sur moi en tout cas. Mais j’aime le côté fantasque et héroïque de la santiag. Et même le côté décoré.

La bonne alternative serait-elle cette paire de La Botte Gardiane ? Pas impossible. C’est une camarguaise plus exactement.

Superbe patine.

Maintenant, je laisse l’idée se patiner dans mon esprit.

4. Je veux broder des trucs sur d’autres trucs

Plusieurs choses :

  1. Je suis admiratif de ceux qui font des choses de leurs mains

  2. Je travaille dans la mode et j’ai honte de ne pas savoir recoudre un bouton

  3. Je trouve un charme infini à ces broderies qu’on trouve sur des vêtements vintage

Et, en plus, quand je vois ce genre de choses sur Insta, mon cœur fait boum boum boum boum (saurez-vous repérer le cowboy fringant ? 😂).

Ça a l’air simple comme ça. Je suis à peu près sûr que ça ne l’est pas. Mais ça vaut le coup d’essayer, non ?

Il va falloir que j’opère un changement dans ma vie. Créer des moments de rupture avec l’écran (sur lequel je suis en permanence pour travailler ou non).

Ça serait ma forme de méditation à moi tout en rendant mes vêtements encore plus personnels. Un peu comme des tatouages sur une peau.

En parlant de tatouage, mon esprit réclame que j’en fasse de nouveaux.

5. Sur moi pour toujours

Le tatouage m’apporte plusieurs choses :

  1. Ça me plaît l’idée d’avoir des dessins sur ma peau. L’idée d’avoir rendue ma peau plus unique, plus propre à moi-même.

  2. J’ai une tête de premier de la classe, ça peut aider d’avoir des tatouages pour encanailler un peu le personnage.

  3. C’est un espace de plus pour exprimer sa créativité.

Voici l’état actuelle des choses :

J’adore le travail de MrPreston. Mais il est à Manchester. Sinon à Bordeaux, je vais chez FTC, voir Noah qui est une tatoueuse très polyvalente et talentueuse.

J’ai de nombreuses idées plus ou moins faisables mais parmi les plus évidentes :

  • Une trompette (en référence à Boris Vian qui m’accompagne depuis longtemps)

  • Un mocassin évidemment.

  • Certaines paroles de chansons d’Arctic Monkeys et The Last Shadow Puppets (dont une de mes chansons préférées de tous les temps que je mets en fin d’article).

  • Un tigre à la cambodgienne

  • L’ “Executive Chair” de Charles Pollock. Me demandez pas pourquoi. 😅 Peut-être avec un commentaire personnel ou un mot qui donne un sens nouveau à ce fauteuil.

  • Je cherche aussi une manière d’exprimer le concept de persévérance de manière visuelle.

Pardon les voisins. J’ai chanté à tue-tête la chanson de The Last Shadow Puppets que vous trouverez après la signature. Puisque dès que je l’ai évoquée plus haut, je l’ai faite jouer par Spotify.

Deux fois.

Je ne regrette rien.

En espérant que vous avez apprécié ce format inhabituel,

Jordan