Petit shoot de tenues pour cet été

(et 100 000 mercis)

Parfois, entre potes, la discussion vire plein axe sur le football. Le volume des voix monte de quelques décibels. Ça fuse de punchline en punchline et bien souvent, on trouve un point de désaccord sur lequel on appuie encore et encore.

Quand ça arrive, mes yeux deviennent vitreux et mon esprit s’évade ailleurs.

Je ne suis pas trop foot comme vous l’aurez compris. (À part pour la France dans les grandes compétitions, comme l’Euro à l’heure où j’écris cette newsletter.)

Pourtant un jour, pendant l’enterrement de vie de garçon de mon ami Thomas, je suis entré dans le Stade Camp Nou à Barcelone. J’y suis arrivé avec l’envie simple de passer un moment mémorable entre potes, football ou pas. D’ailleurs, je ne pourrais pas vous donner de tête l’équipe adverse qui jouait ce jour.

Mais je peux vous dire une chose : quand j’ai franchi la porte qui nous menait à nos places, mon cœur a raté un battement. On est arrivé in extremis pour le coup d’envoi et tout le monde était installé.

Les rayons du soleil canardaient gentiment une foule compacte étalée sur des parois inclinées colossales. Et des grappes de pollen flottaient partout. Qu’importe où je posais mes yeux, c’était des centaines d’êtres que j’embrassais d’un regard. Si loin et si proche en même temps.

Ça m’avait tellement impressionné que je m’étais renseigné sur le nombre de personnes que pouvait accueillir ce stade.

Pas loin de 100 000 personnes…

Et c’est peut-être pour ça que, vers 11h le mercredi 3 juillet, alors que mon train filait vers Paris, quand j’ai regardé mon téléphone et que j’ai vu “100k followers”, à nouveau, mon cœur a raté un battement.

Alors que je n’attache pas d’importance au nombre, je dois quand même dire que c’est un petit événement en soi. Et je voudrais absolument vous remercier vous qui êtes au cœur du réacteur, vous qui me soutenez, ne serait-ce qu’en ouvrant chacune de mes newsletters. Je vous vois et je ressens beaucoup de gratitude.

Comptez sur moi pour toujours délivrer de la valeur, aborder les sujets liés au menswear de manière toujours originale et j’espère, le plus souvent, pertinente. J’ai conscience qu’on peut se perdre en grandissant, qu’on peut se tromper d’objectif, de manière de faire, perdre de vue l’essentiel en dispersant ses efforts.

Et justement, franchir cette barre-là me fait me poser une question essentielle : qu’est-ce que je ferais si j’étais moins con ?

(La fameuse réplique de Jean-Pierre Darroussin dans Le Cœur des Hommes.)

Plein d’envie, de projets bien sûr. Mais comment organiser ça ? Qu’est-ce qu’il faut faire en priorité et comment, pour aller dans le bon sens, celui qui ne me fera pas dévier de ce qui fait aujourd’hui le sel de menswearplease ?

Mais je ne crois pas qu’il y ait de solution magique : on persévère, on continue jour après jour et… on verra bien !

Pour le moment, sans transition ni grand rapport, voici 5 tenues qui pourraient vous inspirer cet été.

J’ai un pote qui porte toujours un canotier pour les événements habillés. Les mariages principalement. Et à chaque fois, je lui fais remarquer que ça lui va super bien. Une fois, je me suis même risqué à dire que ça m’aurait plu d’en porter aussi mais que je ne pensais pas que ça m’irait aussi bien.

Ce à quoi il m’a répondu exactement ce que je lui aurais répondu dans cette situation : “c’est beaucoup plus facile à porter que tu ne le penses, essaie et tu verras bien.”

Ça fait 1 an et je n’ai toujours pas essayé. Mais ça me trotte toujours dans la tête.

Si je devais franchir le pas, j’irais voir chez Stetson, Borsalino, chez Traclet ou encore chez Lock and Co. Evidemment les Maison Michel sont magnifiques et hors budget.

Je trouve que le canotier se prête particulièrement bien aux mises sophistiquées. Car lui-même l’est. Si on porte un t-shirt et un short, peut-être qu’il serait malvenu. Je dis “peut-être” car cela dépend du t-shirt et du short évidemment et de la manière de vivre avec ce chapeau sur la tête.

Bref, ici, c’est assez sophistiqué.

Une chemise ample et originale BaeMa T Boa fabriquée en Bretagne sur un t-shirt + bandana et lunettes. Oui pour le haut de la tenue, c’est assez travaillé pour accueillir un canotier.

Le deuxième élément dont je veux parler ici, c’est le short. Il dépasse le genou. (D’ailleurs, ce doit être un Sillage, la marque de Yuthanan que vous allez voir dans la deuxième tenue analysée.) Et c’est quelque chose qu’on voit de plus en plus. J’en parlais dans ma dernière newsletter d’ailleurs.

L’harmonie des volumes entre le haut et le bas saute aux yeux. C’est une bonne chose à suivre. Et il y en a une autre qui est moins évidente, c’est l’harmonie des matières. Les textures se répondent bien, s’enchaînent de manière fluide et authentique.

Quand on porte quelque chose d’aussi original qu’un canotier, ça peut être pas mal d’apporter ce naturel dans le reste de la tenue.

NB : Les sandales sont des Paraboot. D’autres idées de sandales dans cet article.

2. Yuthanan dans une de ses tenues les plus sages

La composition de la tenue est presque similaire à la précédente : des sandales (ou “méduses”), un short long, un haut qui prend de la place visuellement, un foulard, des lunettes et un couvre-chef.

Les différences :

  • Il ne porte pas de chaussettes. Ce qui fait qu’il montre plus de mollets. Ce qui, avec un short long, peut avoir tendance à grandir un peu plus. Mais c’est minime. Je pense qu’on peut largement faire les deux, optez pour ce qui vous donne le plus de confort et de tranquillité d’esprit.

  • Le contraste entre le haut et le bas et plus fort.

  • L’écho entre les couleurs est ici plus riche :

    • le rouge passé du hoodie frotte avec l’orange du bandana

    • le brun orangé des sandales fait lui écho au bandana et au hoodie

    • sur le bonnet, on a du marron qui s’intègre en camaïeu aux autres couleurs citées et le vert menthe de celui-ci apporte de l’inattendu et un saisissant contraste avec le rouge surtout.

Je trouve que c’est un bon exemple qui peut faire passer une tenue oubliable sur le papier : hoodie, short et sandales. À quelque chose de mémorable. En jouant sur les couleurs.

3. Cityboi_shinn aux jambes camouflées

On parlait des pantalons camo avec l’équipe de l’épisode 4 de mon podcast Menswear Family. À 57:30 si vous voulez vous y replonger.

Petit aparté pour dire : l’épisode 5 et dans la boîte. Mes invités sont Kévis Manzi, Titouan Meillarec et Hicham Ghazaoui. Bientôt, leurs douces voix dans vos oreilles.

C’est un gimmick qu’on voit beaucoup chez des initiés au menswear. On cite Lastrolab dans le podcast et c’en est un éminent représentant. (Que je salue et embrasse au passage !)

Si Romain (@lastrolab) joue sur la touche de marron qu’il y a dans son pantalon pour aller chercher la couleur de ses chaussures, Cityboi_shinn lui va plus loin dans cette recherche.

Il profite du marron clair du pantalon pour aller faire un camaïeu avec celui de la veste et des chaussures. Et avec le jaune du bonnet il exploite les teintes orangées plus discrètes qu’on peut déceler dans son pantalon. Ainsi il les révèle.

Sans la teinte jaune du bonnet, la tenue tient mais avec elle passe dans une autre dimension.

4. Kévis Manzi presque sobre (je parle de vêtements)

Kévis Manzi au Pitti Uomo

C’est un miracle cette tenue. C’est un miracle parce qu’il est arrivé à Kévis une folle mésaventure lors de sa venue au Pitti Uomo (ce salon dédié au menswear et situé à Florence en Italie).

Je ne vous en dis pas plus, c’est dans le prochain épisode du podcast… Il devrait sortir cette semaine. Je vous envoie un mail quand ce sera le cas. Promis.

Et cela explique probablement pourquoi elle est assez sobre comparée à toutes les autres excentricités (maîtrisées) que cet homme peut faire.

Avec cette tenue, je veux vous montrer comme il peut être simple de porter une chemise à imprimé animal. Sorte d’imprimé zèbre ici. Mais comme il n’est pas contrasté noir/blanc mais gris moyen/écru, hop, on se détend et ça passe beaucoup mieux. Surtout que le reste de la tenue, il la joue sobre et dans les deux tons de la chemise.

Donc à la fois, la chemise s’intègre et en même temps, elle détonne par son motif. Mais discrètement. Joliment. Et pour qu’elle ressorte un chouïa plus (c’est une question de curseur esthétique et de préférences personnelles), il fait jaillir le col comme dans les années 1980.

Simple. Imparable. Élégant.

Bon, OUI le chapeau fait son petit effet aussi. Faut dire qu’il le porte avec tellement de naturel le bougre. Comme si on portait un t-shirt. Pas sur la tête. Enfin vous m’avez compris.

🫶

Les lunettes marron qui font écho à la ceinture apportent un contraste bienvenu.

5. derricksmith_la tire sur le jaune

La tenue la plus simple. Mais je ne sais pas. Je crois que j’adore quand un vert tire sur le jaune et que la personne récompense ce vert en lui apportant du jaune. Tout simplement.

Et autre chose : une chemise jaune pâle est un essentiel je trouve. C’est tellement facile de créer des tenues intéressantes à partir de cette teinte. Puisqu’elle se marie extrêmement bien avec du marine, des bleus en général, des verts, blancs, beiges, marron, rouges, orange, aubergine aussi ! Bref, tellement polyvalente et sous-estimée.

Ce que j’aurais fait différemment ici, puisqu’on parle de couleur, c’est que j’aurais mis du marine sur la tête. Ou en bandana. Car là, à mon goût, c’est trop téléphoné : marron-marron, vert-vert. Il fallait créer l’accident.

Regardez les proportions : le pantalon (un monkey pants américain qu’on a vu apparaître lors de la Seconde Guerre Mondiale) arrive au niveau du nombril et fait les jambes longues, si longues et intelligemment, Derrick a rentré son t-shirt dans le pantalon pour nous laisser apprécier cela.

La chemise est ouverte. Elle n’est pas trop longue. Elle est courte juste ce qu'il faut pour apporter la touche casual qui se marie parfaitement à l’ensemble.

Et puis, une fois qu’il a fait tout cela, il casse le registre esthétique militaire avec des chaussures qui sont loin d’appartenir à cet univers-là : des belgian loafers délicats qui se fondent mieux dans le décor d’un salon que d’un champ de bataille.

La créativité, c’est ça. De faire se rencontrer les contraires.

Je vous embrasse !

Jordan